Présentation de Jan Van Eyck, primitif flamand (+/- 1390  1441)

Jan Van Eyck est certainement l’un des peintres les plus fascinants qui ait jamais existé. Sa peinture est caractérisée d’un côté par un réalisme très minutieux, par une précision exceptionnelle. C’est le maître absolu du détail.

Ci-dessous, nous pouvons admirer le lustre de la peinture dite des “Epoux Arnolfini”

Lustre Arnolfini

Lustre Arnolfini

Contexte historique

Les historiens pensent que Jan Van Eyck est né vers 1390, peut-être à Maaseyck, non loin de Maestricht. En 1425, on sait qu’il entre au service du Duc de Bourgogne, Philippe le Bon. Et il va y rester jusqu’à sa mort, en 1441. Il aurait vécu à La Haie, puis à Lille avant d’aller à Bruges où il va rester jusqu’à sa mort. Philippe le Bon a beaucoup d’estime pour Jan Van Eyck. En effet, il le paie généreusement et lui confie des voyages avec des missions secrètes dont le mystère reste intact.

Même si Van Eyck est un peintre associé à la Renaissance, en réalité, on est en encore à la fin du Moyen Age. C’est la fin de la Guerre de cent ansEn 1429, Jeanne d’Arc parvient à libérer Orléans du siège anglais.

Possessions de Philippe le Bon

En ce temps, les possessions de Philippe le Bon surpassait en richesse la France et l’Angleterre et Bruges était le centre financier et économique des pays du Nord. Comme on le voit sur la carte ci-dessous, les parties colorées appartiennent à Philippe le Bon. Ce sont des régions prospères mais qui présentent le désavantage de ne pas être reliées entre elles d’un point de vue territorial.

Possessions de Philippe le Bon

Possessions de Philippe le Bon

Epoux Arnolfini, 1434

Cette peinture ne fait que 82.2 cm de hauteur sur 60 cm de largeur. Pourtant la richesse des détails est fantastique et de nombreux détails ne sont pas visibles à l’œil nu.

Van Eyck- Epoux Arnolfini

Van Eyck- Epoux Arnolfini

Les influences de Jan Van Eyck

Le rôle des manuscrits enluminés

Au 14ème et au 15ème siècle, le développement du style gothique international influence les enluminures des manuscrits. Une enluminure est une peinture ou un dessin exécuté à la main qui décore ou illustre un texte, généralement un manuscrit. Cette forme d’art est en vogue à cette époque. Des cloîtres et des monastères, cette façon de faire s’exporte désormais chez les artistes au service des nobles et les universités. Les manuscrits décorés de cette façon deviennent des objets de luxe prisés.

Cette forme d’art miniature, longtemps considérée comme une forme mineure d’expression a en réalité jouer un rôle très important dans le développement du style de la peinture artistique. On peut conclure que l’Art miniature est une des piliers de l’art de Van Eyck.

Livre d’Heures

Wiki :  “Il s’agit du type le plus courant d’ouvrage médiéval enluminé même si tous ne comportent pas de décorations.

Un livre d’heures est un livre liturgique destiné aux fidèles catholiques laïcs — à la différence du bréviaire, destiné aux clercs — et permettant de suivre la liturgie des Heures. En complément de ce recueil de prières liées aux heures de la journée, le livre d’heures comprend généralement un calendrier pour suivre l’évolution de la liturgie tout au long de l’année, mais aussi parfois des psaumes, les évangiles ainsi que des offices particuliers.”

Heure de Bedford - L'annonciation (1415-1430)

Heure de Bedford – L’Annonciation (1415-1430)

Frères du Limbourg

Jan Van Eyck a pu sans doute été influencé par les Frères du Limbourg, excellents miniaturistes, nés vers 1380 et tous décédés de la peste en 1416. Ils sont notamment les initiateurs du manuscrit “Les très Riches Heures du duc de Berry” qui contient un magnifique calendrier. Ce manuscrit est un “Livre d’heure”.

L'astrologue

Les Frères du Limbourg – Les très Riches Heures du duc de Berry – L’astrologue +/- 1413 – 1416

 

Les Frères du Limbourg – Les très Riches Heures du duc de Berry Janvier (entre 1413 et 1416)

Et voici le livre d’Heures de Turin-Milan de Jan Van Eyck, datant de 1422 à 1424. Comme toujours, la qualité du détail est saisissante :

Jan Van Eyck - Livre d'heure de Turin-Milan - La Messe des morts

Jan Van Eyck – Livre d’heure de Turin-Milan – La Messe des morts (1422-1424)

Comparaison entre la peinture de la Renaissance italienne et flamande

Sans être complet et sans entrer dans les détails, illustrons quelques différences de taille.

1. L’utilisation de la peinture à huile au nord

La peinture à huile permet un rendu plus détaillé et plus contrasté, elle permet au peintre de jouer avec la lumière. Dans le tableau ci-dessous, ce travail sur la lumière permet de communiquer la féérie de l’intérieur illuminé d’une cathédrale gothique.

Jan van Eyck - Marie dans l'Eglise (1438-1440)

Jan van Eyck – Marie dans l’Eglise (1438-1440)

En Italie, on aime les fresques murales. Même si la fresque ci-dessous a perdu de son éclat, le travail sur la lumière était moins présent dès le départ dans la “Dernière Cène” de Léonard De Vinci.

La Dernière Cène - Léonard De Vinci (1495-1498)

La Dernière Cène – Léonard De Vinci (1495-1498)

2. L’attention pour l’équilibre géométrique statique en Italie –  la découverte du paysage dans la Renaissance flamande (et en France également)

L’iPierro della Francesca est architecte et il apprécie et recherche même, la géométrie et l’équilibre dans ses tableaux.

Piero della Francesca - la flagellation du Christ

Piero della Francesca – la flagellation du Christ (1459)

Ci-dessous, un agrandissement du tableau de Van Eyck, la vierge au Chancelier Rolin montre la richesse du paysage :

Jan van Eyck - la vierge au chancelier Rolin

Jan van Eyck – la vierge au chancelier Rolin (environ 1435)

Je compte donner plus de détails sur le chef-d’oeuvre ci-dessous de Jan et son mystérieux frère Hubert décédé à Gand en 1426 sur qui peu de choses sont connues. Hubert aurait débuté le retable en 1424 et Jan l’aurait achevé en 1432. Ce tableau contient une riche histoire symbolique.

L'Agneau mystique - Hubert et Jan Van Eyck (1424-1432)

L’Agneau mystique – Hubert et Jan Van Eyck (1424-1432)

3. Le traitement de la perspective

Si dans la Renaissance italienne, la perspective est traitée de façon géométrique, avec des lignes, comme dans le tableau ci-dessus de Piero della Francesca – la flagellation du Christ (1459). Chez les flamands, c’est la perspective d’atmosphère, comme déjà expliqué sur la page de la Renaissance.

 

4. Le réalisme flamand

Quand on observe les deux portraits, ci-dessous, réalisés tous les deux par Jan Van Eyck, on peut déjà se faire une première idée de ce qu’est le réalisme flamand. Les personnages sont peints de manière réaliste, sans chercher à gommer les imperfections. Ainsi, Baudouin de Lannoy apparaît comme étant un homme de pouvoir dur et ayant peu de compassion.

Jan Van Eyck - Baudouin de Lannoy +/- 1435

Jan Van Eyck – Baudouin de Lannoy +/- 1435

Et ci-dessous, le chanoine est peint avec toutes ses rides, et son visage un peu cabossé. C’est le contraire de l’idéalisation des portraits à l’italienne.

Le chanoine Joris Van der Paele (La Vierge au chanoine Van der Paele - 1434 - 1436)

Le chanoine Joris Van der Paele (La Vierge au chanoine Van der Paele – 1434 – 1436)

A suivre